Accueil > Parcours Excellence > 2022-2023 > Extraordinaire balade géologique en Essonne !

Extraordinaire balade géologique en Essonne !

Publication : (actualisé le ) par Angélique Bodinier

Aujourd’hui la promotion Apollon du Parcours Excellence a mis en œuvre la devise de Jean Perrin notre prix Nobel français : « Que la science sorte des laboratoires » !

Ils ont effectué une randonnée afin de découvrir, comme dans un livre ouvert, la géologie de notre département l’Essonne. Mais qu’est-ce que la géologie de terrain ?

Simplement nous pouvons la définir comme la science qui consiste à étudier les parties de notre planète Terre accessibles à l’observation et émettre des hypothèses qui permettent de reconstituer leur histoire. Loin des volcans, saviez-vous qu’au cœur de notre département se niche un patrimoine unique !Bienvenue dans la réserve ! 

Il y a 30 millions d’années, la géographie de l’Europe était très différente de celle que nous connaissons actuellement. Le Bassin parisien était le siège d’une mer dont l’extension maximum allait jusque dans les environs d’Orléans. En région parisienne, cette mer a déposé des couches sédimentaires qui correspondent à la dernière incursion marine dans le Bassin de Paris et qui appartient à un étage nommé Stampien par Alcide d’Orbigny en 1852 d’après la localité type d’Etampes (Stampae , en latin).


N.B : L’étage est un terme de géologie pour désigner des couches, ou strates, du sol. Il correspond exactement à un âge, dans l’histoire de la Terre, qui se mesure en millions d’années.

En 2002, un spectaculaire gisement de fossiles vertébrés a livré une faune exceptionnellement riche en restes de poissons (environ 1 million de dents) et d’Halitherium, un mammifère marin proche des dugongs actuels. L’étude des restes a permis de souligner la grande richesse ichtyologique du gisement et notamment la grande abondance de requins et des raies. L’ensemble des données écologiques résultant de l’étude des fossiles montre que ces animaux ont vécu dans une mer chaude. Un fond marin très riche en végétaux pour alimenter les Halitherium qui broutaient les prairies sous-marines d’alors.
 Les responsables de cette réserve ont eu l’idée de créer une mascotte : Alcide l’Haliterium en hommage à ces 2 découvertes scientifiques majeures en Essonne.
Alcide l’Haliterium se propose d’être notre guide ! Suivons-le !         

Halitherium

« Un dugong dans l’Essonne ? Je comprends votre étonnement car on a l’habitude de me voir plutôt brouter dans les eaux de l’océan Indien et Pacifique. Mais il y a 30 millions d’années, toute la région baignait dans une mer tiède, accueillante pour les siréniens de mon espèce. Au fond de celle-ci se sont patiemment accumulés des sables puis des calcaires. Permettez moi d’avoir une pensée émue à l’évocation de ces nobles roches, car elles ont su préserver mes os fossilisés. La réserve naturelles des sites géologiques de l’Essonne regroupe 13 affleurements qui datent de cette période. Tous sont les témoins de la vie qui barbotait, frétillait, ondulait dans la dernière mer à avoir submergé le Bassin parisien. Je suis votre guide pour cette plongée dans le passé… ».

La visite commence :

« Outre leur patrimoine géologique, plusieurs de ces sites offrent des milieux originaux susceptibles d’abriter des espèces végétales rares ou protégées.

Carrière du Coteau des Verts Galants à Chauffour-lès-Etréchy

C’est notamment le cas du Coteau des Verts Galants, taillé en amphithéâtre dans le versant ouest de la vallée de la Juine, qui coule sans bruit à 2 kilomètres de là. A peine descendu du car, nous voilà déjà en train d’arpenter un talus en pente douce, fleurie aux beaux jours de l’orchidée pourpre. Or, cette pelouse, repose sur du sable, plus exactement des sables de Fontainebleau, déposés au fond de la mer il y a 34 et 30 millions d’années, avant d’être remaniés en dunes par le vent qui sait parfois se faire artiste. Ces sables très blancs, fins et purs, sont constitués à 99,98% de grains de quartz, dont la taille varie de 0,1 à 0,5 millimètre. Rien de bien calcaire en vérité. Mais alors pourquoi autant d’espèces calcicoles sur un terrain siliceux comme celui-ci ?

Je ne vous ai pas encore raconté toute l’histoire : lorsque la mer s’est retirée il y a environ 29 millions d’années, un système de lagunes puis de lacs s’est installé entre les dunes, jusqu’à parfois les recouvrir. Les fonds de ces lagunes et lacs peu profonds, tapissés d’algues et de bactéries, ont provoqué la précipitation de dépôts irréguliers d’un calcaire très dur.

Pour l’observer de plus près, poursuivez votre grimpette. On l’a longtemps exploité pour la construction locale. L’épaisse couche de calcaire s’est en partie délitée, ses éboulis ont peu à peu recouvert la pente de sable, qui s’est ainsi transformée en terrain propice à des espèces végétales aimant le calcaire.

Eh oui, la géologie a plus d’un tour dans son sac de cailloux !

Approchez-vous encore un peu, pour mieux voir les différentes strates, parfois entre 30 et 50 centimètres d’épaisseur, parfois encore plus fines : un mille-feuille qui raconte l’histoire du comblement des lagunes et des lacs. On voit un dépôt de débris de plantes lacustres garni de coquillages de gastéropodes d’eau douce (limnées et planorbes).

Un peu plus haut, sur la deuxième plate-forme, vous retrouvez, toujours dans le calcaire, des cavités remplies de matériaux brun rouge qui constellent la paroi. Ce sont des karsts, des trous patiemment creusés dans le calcaire il y a quelques millions d’années par le travail de l’eau souterraine, puis remplis par des sables provenant de Massif Central nommés les sables de Lozère.

Coupe de la Carrière des Verts Galants

Position il y a 30 Ma

A vrai dire, les sables et les calcaires des Verts Galants ne sont pas bien riches en fossiles. Direction la carrière des Sablons à quelques kilomètres. Vous y découvrirez, sous une verrière, une coupe géologique taillée dans un sable coquiller bardé de mollusques gastéropodes et bivalves. L’émotion ne manquera pas de vous étreindre quand vous apercevrez l’une de mes côtes … ».

L’Essonne il y a 30 Millions d’années !

Merci Alcide pour cette visite et rendons-nous sur le site d’Auvers-Saint-Georges.

Là une serre de 20 m² (construite en 2002 pour sauvegarder le site) présente les couches sous forme de marches qui représentent les strates. Pas moins de 180 fossiles de mollusques et de vertébrés (notamment de dugong et de requins) ont été identifiés à Auvers. Des escaliers entourent cette vitrine géologique, permettant ainsi d’observer chaque niveau.

Verrière d’Auvers-Saint-Georges et fossiles (dont de dents de requin et côte de Lamentin)

Grâce à ce bel aménagement, les élèves ont facilement observé les différents gisements fossilifères ; véritables témoins de l’évolution du milieu et du climat, depuis les lagunes saumâtres aux épisodes marins et aux grands lacs révélant le retrait de la mer.

Mais la géologie a encore bien d’autres atouts !

En effet, depuis longtemps, les Hommes ont utilisé les ressources souterraines pour les transformer. C’est le cas du sable qui depuis toujours a eu des utilisations très variées : construction (mortiers et ciments), viabilité (remblais pour voies diverses), mais le sable de Fontainebleau a été et demeure surtout renommé historiquement et internationalement pour son utilisation dans la verrerie, principalement comme matière de base pour la fabrication du verre, du fait de sa finesse et de sa pureté naturelle. Ce sable est en grande majorité constitué de silice dont la formule chimique est : SiO2. Cette ressource irremplaçable est indispensable pour la fabrication de la verrerie de laboratoire. Le verre étant une structure non cristalline (amorphe) il ne s’effectue pas de réactions avec le contenant, voilà pourquoi il est indispensable pour les expériences.

Son utilisation peut aussi être artistique, il n’y avait qu’un pas à faire, direction la verrerie d’arts de Soisy-sur-Ecole.

Les élèves de la promotion Apollon du Parcours Excellence dans le jardin de la verrerie d’arts de Soisy-sur-Ecole devant une création

Là, nous jeunes ont assisté à la fabrication d’une œuvre d’art unique sous la direction de l’artiste elle-même, de Frédéric Alary maître verrier et de ses assistants souffleurs devant un four à plus de 1000 degrés Celsius.

Ils ont ensuite regardé un film sur le métier de verrier, puis ont visité l’exposition et ses merveilleux objets de verre.

Fédéric Alary maître verrier à l’œuvre avec ses assistants souffleurs

Les magnifiques créations

Ils ont été fascinés par cette transformation avec des fours à plus de 1000°Celsius, reproduisant les conditions régnant dans une chambre magmatique. Voilà des Travaux-Pratiques grandeur nature ! Durant cette journée, les élèves se sont initiés à une pratique géologique de terrain, ils ont compris son importance fondamentale, mieux ils ont su réinvestir leurs acquis en SVT. Ils ont réalisé un véritable voyage tant spatial que temporel, quitter le milieu ultra urbain de Vigneux-sur-Seine, pour arriver dans le sud du département plus rural et finalement remonter le temps pour changer radicalement de paysage et d’environnement ! Nos élèves ont découvert que leur département l’Essonne n’a pas été toujours comme on le connait ! Les continents (plaques tectoniques) ont bougé, ils bougent encore ! En Essonne, il y a 30 millions d’années, la mer était là ! Elle est venue, elle est repartie, elle est revenue, puis elle est partie définitivement ! A cette époque, le climat était tropical, l’eau était bonne (20-25°C) ! Les plages devaient être belles ! Mais, il n’y avait aucun être humain en ce temps-là, aucun dinosaure non plus (ils avaient disparu 35 millions d’années avant !).

Mieux, de cette unique histoire géologique, l’Homme a su en tirer parti en transformant le sable en verre : un extraordinaire et impressionnant voyage pour ce si petit grain !

Cet article vous a plu, vous souhaitez en savoir plus, découvrir toutes les richesses essonniens …. N’hésitez plus inscrivez-vous aux randonnées des Rendez-vous Nature de la réserve c’est gratuit ! 

https://www.essonne.fr/cadre-de-vie-environnement/les-rendez-vous-nature