La fête bat son plein au château de Fontainebleau ! Journée d’intégration des élèves du Parcours Excellence (promotion 2024/2025)
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Vendredi 4 octobre, les élèves de la nouvelle promotion du Parcours Excellence ont passé une magnifique journée d’intégration au château de Fontainebleau.
Commençons par développer un esprit sain dans un corps sain !
Jeu de piste dans les espaces extérieurs
La matinée s’est ouverte par une activité en autonomie avec un jeu de piste par équipes grandeur nature dans ses espaces.
Esprit logique, initiatives, coopération, persévérance, sens de l’orientation et développement des capacités physiques et pédagogie ludique ont permis à nos élèves de mieux s’imprégner de l’esprit historique des lieux.
Saviez-vous que quatre cours principales et trois jardins se déploient et s’imbriquent entre elles et les ailes du château ?
Ils ont été amenés à les découvrir.
Du Jardin Anglais planté d’essences rares et ponctué de statues, au mystérieux Jardin de Diane, déesse de la chasse, les équipes de jeu ont couru sur les pas de l’Empereur Bonaparte et de François Ier dans la Cour des Adieux et la Cour Ovale bordée de façades Renaissances ou bien encore au bord de l’Étang des Carpes et de son étonnant pavillon, en contrepoint du Grand Parterre de Le Nôtre.
Ils ont notamment appris l’origine du nom Fontainebleau : « Un jour, un roi était parti à la chasse avec son chien préféré appelé Bleau ou Blieau. Mais son chien s’est perdu et est allé attendre à côté d’une fontaine. Au bout de quelques heures de recherche, il a été retrouvé à côté de celle-ci. Le roi tellement content de ne pas l’avoir perdu, a alors donné comme nom à cet endroit Fontainebleau ».
Au début, il y avait un château fort.
Puis François Ier l’a remplacé en grande partie par de nouveaux bâtiments, construits de façon symétrique.
Ensuite certains rois ont ajouté des parties en plus pour arriver aujourd’hui à plus de 1500 pièces !
Les intérieurs
Après s’être bien dépensés, une visite plus calme à l’intérieur du château n’en a pas été moins époustouflante car elle nous a fait traverser pas moins de 700 ans d’histoire depuis les origines moyenâgeuses jusqu’à l’époque napoléonienne.
Nos élèves bien préparés, se sont montrés curieux de la vie de nos souverains dans « la maison des siècles », pertinents et désireux d’en savoir plus sur les anecdotes et les détails étonnants de la vie de nos souverains.
Voilà un très bon état d’esprit !
Vivre l’Histoire en compagnie de Philippès de la cour des Valois
L’après-midi aura été le point d’orgue de la journée avec de très nombreuses surprises.
En effet, quel ne fût pas notre étonnement de découvrir Philippès notre rayonnante guide comédienne, parée d’une magnifique robe de style renaissance en soie et broderies, entièrement confectionnée de ses mains !
Elle incarne une courtisane de la cour des Valois.
Vivre l’Histoire, quoi de mieux !
Comme au temps de la reine Catherine de Médicis, notre promotion du Parcours Excellence s’est initiée aux divertissements des carnavals de réconciliation de la Renaissance. Pour mieux incarner leur personnage, Philippès a débuté par un apprentissage de l’art oratoire grâce au très célèbre poème de Pierre de Ronsard, dans le recueil Les Odes :
Mignonne, allons voir si la rose
Qui ce matin avait déclose
Sa robe de pourpre au Soleil,
A point perdu cette vesprée
Les plis de sa robe pourprée
Et son teint au vôtre pareil.
Las ! voyez comme en peu d’espace,
Mignonne, elle a dessus la place
Las ! las ses beautés laisser choir !
Ô vraiment marâtre Nature,
Puis qu’une telle fleur ne dure
Que du matin jusques au soir !
Donc, si vous me croyez, mignonne,
Tandis que vôtre âge fleuronne
En sa plus verte nouveauté,
Cueillez, cueillez vôtre jeunesse :
Comme à cette fleur la vieillesse
Fera ternir vôtre beauté.
Voir et entendre, les élèves déclamer du Ronsard dans l’enceinte du château a été un moment marquant.
En effet, savoir poser sa voix en utilisant son diaphragme, mettre de l’emphase…, sont des éléments importants qui seront naturellement réinvestis lors de leurs oraux d’examens…
Puis, Philippès nous a guidé vers un lieu insolite, récemment restauré et pas encore ouvert au public : la grotte des Pins.
Elle tient son nom du jardin sur lequel elle ouvrait : le jardin des pins.
Les 3 arcades, récemment restaurées reposent sur des piliers ornés de monumentaux atlantes, statues d’hommes servant de support à un ouvrage d’architecture de dont le nom vient d’Atlas, le géant qui portait la voûte du ciel dans la mythologie grecque.
Ces Atlantes sont un chef-d’œuvre de la sculpture en « gresserie », brutaux, massifs d’une étonnante modernité, ils semblent surgir de leur gangue en grès et dominer avec peine leur force primaire, quasi bestiale.
Cette grotte, réalisée sur les dessins de Primatice, est la première grotte artificielle de France, sur le modèle italien.
Ensuite, Philippès nous a ouvert les portes de la salle des colonnes.
Nous avons été très privilégiés car elle n’est ouverte au public que de façon très exceptionnelle.
Au XVIème siècle, Catherine de Médicis, reine de France fait de la fête un lieu de toutes les décisions politiques et diplomatiques.
A cette époque, la fête servait à marquer les moments d’exceptionnels qui rythment le quotidien des rois et reines de France : fêtes religieuses, rituels souverains, mariages, etc.
Elle mettait en scène les divertissements qui réjouissent l’époque : mascarades, musiques et tournois athlétiques.
Dès lors, une question s’impose : pourquoi les rois et reines faisaient-ils la fête ?
Pour y répondre, Philippès nous a plongé dans l’époque de la cour des Valois du règne de François Ier à celui d’Henri III.
Des influences exceptionnelles venus d’ailleurs alimentent une ambiance festive qui captent l’expression artistique de l’époque et les enjeux politiques à la Cour du roi.
Comprenons ce que signifie de faire la fête comme un Valois.
« La magnificence et la galanterie n’ont jamais paru en France avec autant d’éclat que dans les dernières années du règne de Henri second », écrit alors Madame de La Fayette dans La Princesse de Clèves, à propos du règne d’Henri II (1536-1559) et de son épouse Catherine de Médicis.
Les objets, dessins et tapisseries illustrent ce faste tant apprécié par la Cour et par l’écrivain.
Les somptueux banquets cèdent ensuite la place à des fêtes dansantes accompagnées de musiciens.
Des mascarades sont organisées, et les costumes mythologiques sont de rigueur : ils sont connus grâce à des esquisses inédites.
Danser, c’est aussi l’art du courtisan.
A cette époque, les gentilshommes avaient une réputation à tenir : « Le soir on dansa à la Gaillarde et il ne saurait leur plaire de danser autrement. Ces gentilshommes français dansent comme des diables et ne veulent jamais faire autre chose », écrit un invité ambassadeur en 1545.
Sous les bijoux et les costumes, deux personnes se murmurent confidences et stratégies, le temps d’une danse.
Pourquoi a-t-on surnommé Catherine de Médicis la boute en train de la diplomatie ?
Les cérémonies et ces pratiques éphémères festives des Valois, conduisent rapidement à la politique du divertissement de Catherine de Médicis (1547-1559) nous a expliqué Philippès.
La reine de France était alors à l’initiative d’une diplomatie reposant sur l’organisation de fêtes opulentes pour entretenir les relations diplomatiques ainsi que l’héritage dynastique.
Facile de se perdre dans les farandoles de musique et des costumes.
Pourtant, le goût de la guerre y tient aussi une large place : des jeux, des combat, telle la joute sont organisés afin de prouver sa bravoure et d’honorer les exploits militaires du royaume.
Catherine de Médicis les mêle aux exercices intellectuels : les combattants doivent aussi déclamer des poèmes ou défendre des idées philosophiques telles l’Amour ou la Vertu.
A cet effet, la reine voit aussi l’occasion de transformer le carnaval en une arme diplomatique.
Elle souhaite imposer, dès leur jeune âge, la présence de ses fils, les futurs rois de de France.
La fête est l’occasion de tempérer des conflits et des guerres à une époque où la France est déchirée par des conflits d’ordre religieux entre catholiques et protestants.
La fête se veut une manière de détourner l’attention en tenant la cour occupée.
Ni une, ni deux, afin de mieux vivre l’Histoire, dernière surprise, Philippès a initié nos élèves à la danse du carnaval de la réconciliation : « le branle des lavandières ».
C’est la forme la plus caractéristique des danses du XVIe siècle, provenant du Moyen-âge.
Le branle est un pas de base (ouverture pied gauche – fermeture pied droit) qui a donné son nom à beaucoup de danses de cette époque.
Le branle des lavandières est un branle « morgué », c’est-à-dire qu’il comprend un élément de mime (frappé des mains pour imiter le bruit des battoirs pour le linge).
La lavandière est arrivée en retard à la rivière pour laver le linge sale et se fait disputer par les autres.
Place à la danse, pour nos élèves : 2 mesures de 8 temps !
Après une initiation à l’art de la révérence, direction la salle de bal !
Là Philippès nous a démontré que Catherine de Médicis a déployé un véritable arsenal de fête (architecte éphémère, scènes issues de la mythologie, musiciens, danseurs et parades).
Elle a exercé une influence sur les cours européennes, et lorsque son pouvoir fane, notamment après la mort de son époux en 1559, elle consacre son énergie au tissage de mariages politiques, étalant en Europe la majesté de son influence.
Durant chaque célébration, on négocie, à la fois, son propre destin, mais surtout celui d’un peuple entier !
Catherine de Médicis, par ces fêtes a voulu sauvegarder le pouvoir et l’influence des Valois : en faisant cela, la reine (florentine de naissance) s’inscrit, elle aussi dans la lignée des rois de France. Ironie du sort, elle meurt en 1589, année qui marque la fin du règne de la dynastie des Valois au profit des Bourbons.
Merci Philippès pour cette immersion dans cet espace temporel ! Vivre l’Histoire a été génial !
Rencontrer des passionnés, donner l’envie est l’essence même du Parcours Excellence !