Accueil > Parcours Excellence > 2024-2025 > Le Parcours Excellence en immersion dans la tragédie d’Iphigénie

Le Parcours Excellence en immersion dans la tragédie d’Iphigénie

Publication : (actualisé le ) par Angélique Bodinier

Vendredi 24 janvier, c’est accompagné de madame Pennelle, notre conseillère d’orientation passionnée de théâtre, et de madame Bou , enseignante , que nos élèves très curieux et enthousiastes ont assisté au spectacle d’Iphigénie au Théâtre de l’Epée de Bois de la Cartoucherie. Cet ancien lieu de fabrication de poudre, situé dans le bois de Vincennes du 12 - ème arrondissement a été reconverti en lieu de création théâtrale dans les années 70.
La compagnie La Fille de l’Eau nous a présenté la version intégrale de ce classique de Jean Racine. La mise en scène de Clément Séclin s’est voulue très contemporaine avec l’élégance de la sobriété ce qui a mis à l’honneur le texte de Racine interprété dans son intégralité !
Les costumes de la couleur du deuil, les bijoux très modernes et la musique rock, ont ajouté de la mélancolie au tragique.
La pièce entière s’est déroulée dans la salle de Pierre, plantant le décor dans un extérieur, avec du sable pour scène ainsi que des voiles suspendues. Ces éléments de décor ont apporté une touche supplémentaire de réalisme.

Nos élèves ont été émerveillés par la précision de jeu des acteurs. Mais « Comment font-ils pour pleurer ? » s’interroge Grace.
Un théâtre total nous a donc été proposé, soit l’excellence dans ce domaine !
Les femmes ont brillé. Les actrices ont été exceptionnelles, en particulier Iphigénie, Achille et Clytemnestre en magistrale et bouleversante reine. Le choix de placer Ulysse dans l’ombre de chaque scène, comme un gardien a ajouté à la tension générale. Le talent des acteurs, allié à l’intelligence de cette proposition de mise en scène a rendu l’œuvre d’Iphigénie complètement accessible. Ce qui est le signe d’une production de grande qualité. Nos jeunes ont donc eu la chance d’assister à une représentation d’un art total !

Bravo à la troupe et au metteur en scène !
Mieux, un échange entre les acteurs de la troupe, le metteur en scène et nos jeunes a suivi ; Ce temps a été très apprécié par nos élèves. Quelle générosité ! Surtout après une telle représentation dans laquelle tous ce sont impliqués complètement !

Pour tous nos élèves c’était la première fois qu’ils allaient au théâtre !
Ils ont fait l’expérience qu’assister à une représentation, c’est bien plus que se divertir : c’est plonger dans un univers vivant où chaque mot, geste et regard raconte une histoire. Imaginez- vous transporté dans un autre temps, un autre lieu, où les émotions des comédiens résonnent jusqu’à vous toucher. Les décors minutieusement conçus, les lumières savamment orchestrées, et la puissance des dialogues créent un moment unique et éphémère, partagé avec les autres spectateurs. C’est l’occasion de s’évader du quotidien, de s’émouvoir, de réfléchir, et de repartir enrichi d’une expérience collective.
Nos élèves du Parcours Excellence se sont laissés emporter par la magie du théâtre, là où tout peut arriver et où chaque représentation est une aventure nouvelle et inoubliable.
Il est certain que ce temps restera gravé à jamais.
Un grand merci à Madame Pennelle pour cette très belle initiative ! Angélique Bodinier

Pour aller plus loin :

Petit résumé de l’intrigue,
alors que la flotte grecque s’apprêtait à mettre les voiles vers Troie, le vent est tombé brutalement, mettant en panne la machine de conquête. Consulté en secret, le devin Calchas révèle le seul remède à la crise : sacrifier aux dieux la jeune Iphigénie, fille d’Agamemnon. Au milieu du désastre, se dresse un pouvoir : celui des femmes. Clytemnestre, par sa révolte face aux oscillations de son époux et roi. Eriphile, dans sa quête sans relâche d’identité, de réponses et de justice. Iphigénie, par l’acceptation immédiate et sans conditions de son sacrifice.

La modernité de cette œuvre nous parle encore aujourd’hui. Clément Séclin, le metteur en scène nous explique :

« Iphigénie, c’est plusieurs horizons qui se chevauchent. Un drame familial, une légende et sa malédiction, un univers désolé et immobile, une quête d’identité. Racine laisse au spectateur
l’absence, le manque de modèle absolu et hégémonique. Par ce texte, il fabrique des situations ouvertes qui tendent rarement vers un espoir. Toutefois, au milieu du désastre, se dresse un pouvoir : celui des femmes. Clytemnestre, par sa révolte face aux oscillations de son époux et roi, puis par sa remise en question de l’existence même des dieux. Eriphile, dans sa quête féroce d’identité́, de vérité́ et de justice. Iphigénie, par sa profonde résignation et sa dignité́ face à son propre sacrifice. Ces trois figures archétypales refusent de collaborer avec un système où le pouvoir engendre le mensonge, la trahison, la manipulation. La résonance que ce texte peut avoir dans notre société́ est aussi à un tout autre endroit : travailler Iphigénie dans un monde saturé d’informations et d’images, qui oblige aux certitudes et à la radicalité́, c’est rendre compte et célébrer l’incertitude, le flottement, la suspension dans le temps. Ce qui m’intéresse chez Racine, et tout particulièrement dans cette pièce, c’est aussi la question de la croyance. Il intériorise la foi : les personnages interrogent leur âme, leurs émotions propres, leurs sensations. Le regard est alors tourné vers l’humain et non vers le ciel et tous convoquent leur voix du dedans. Je crois qu’il n’est pas nécessaire de nous questionner sur la trace, l’empreinte, que pourrait laisser Iphigénie dans notre temps. La question que nous devons nous poser est : notre temps a-t-il du sens à travers le prisme d’Iphigénie et de son drame. Enfin, faire jouer les mots d’un mythe, d’une histoire ancestrale, nous purge de
nos passions tristes et nous reconnecte à des violences, pour certaines banalisées, et nous force, par la présence de la mort, à nous adresser au vivant. » Clément Séclin (metteur en scène)