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Cœur d’artichaut ! Première dégustation de l’année pour nos éco délégués ! L’artichaut, un légume qui a le cœur bon !

Publication : (actualisé le ) par Angélique BODINIER

Printemps des poètes oblige, commençons par une métaphore pour illustrer la dégustation de notre première récolte :

- Le JARDIN :
Ce matin, un de nos artichaut contait sa vie
Déplorant n’avoir plus de mie :
 L’ARTICHAUT :
Jadis Don Juan, séducteur plus qu’amant,
J’aimais un peu, beaucoup, puis passionnément,
Et sans vraiment le voir, sans que je ne le veille,
A chaque amour passant je perdais une feuille.
Me voilà défeuillé, ver nu,
Le cœur dépenaillé, perdu ;
Prêt à subir l’assaut d’une fourchette
Avant le bain fatal de vinaigrette !

L’expression « cœur d’artichaut, une feuille pour tout le monde » pour signifier donner facilement un peu de son amour à chacun est connue de tous !
Voilà un beau circuit court, directement du producteur au consommateur, bon appétit !

Scientifiquement, qu’est-ce qu’un artichaut ou plus exactement qu’est-ce que le Cynara scolymus (L) ?

Tout d’abord, observons bien, cette plante de la famille des Apiacées présente une tige dressée, épaisse et cannelée, avec de grandes feuilles très découpées.

La partie comestible est un capitule, c’est un type d’inflorescence, c’est-à-dire une fleur composée de centaines de petites fleurs implantées sur un réceptacle, que l’on appelle cœur.
Tout comme les fraises que vous connaissez bien.
A sa base sont implantées les feuilles que l’on consomme.

Lorsqu’on laisse l’artichaut se développer, il se forme à son sommet une très belle inflorescence de couleur bleue violacée.
Comme l’artichaut est une plante composée, vous avez compris qu’il ne s’agit pas d’ « une » fleur, mais d’un ensemble de fleurs (le capitule).
Chaque fleur se présente sous forme d’une touffe de poils ayant un minuscule ovaire (futur fruit) à sa base.
C’est l’ensemble de ces fleurons qui constitue le « foin » des artichauts que l’on retire avant de les consommer.

Quelle est l’origine de l’artichaut ?

Evolutivement, l’artichaut actuel provient de son ancêtre le chardon sauvage.
Le chardon possède de petites fleurs d’un beau bleu violacé, très allongées, qui se serrent densément les unes contre les autres et s’insèrent toutes ensemble.
Tout autour de ce magnifique dispositif floral, des écailles protectrices, munies chacune d’une dent acérée, forment une sorte de calice vert bleuté très piquant.
Avant la floraison, ces écailles, nommées bractées, enferment complètement le tapis floral, formant un gros bouton pansu et protégé par ses épines.
Mais notre chardon a été cultivé et amélioré de génération en génération : il a perdu l’épine agressive qui prolongeait chaque bractée, le bouton floral a grossi et le disque, où se trouve insérée la kyrielle de petites fleurs bleutées, s’est épaissi, devenant le célèbre « cœur d’artichaut ».

Comment ces modifications se sont-elles produites ?

Simplement grâce au fruit du travail de générations de jardiniers qui, de tout temps, ont tenté d’éliminer les plantes les plus petites et les plus piquantes, en cherchant à conserver et à reproduire celles qui avaient le moins d’épines et les plus grosses fleurs.
Une évolution identique à celle qui, à partir de l’églantine, a produit les roses... lesquelles s’obstinent néanmoins à conserver leurs épines.
Mais l’évolution, ici, a sélectionné de surcroît des plantes au pétiole foliaire très développé : les cardons.
Les pétioles et les nervures des feuilles s’y sont épaissis, prenant une consistance charnue.
Finalement, on peut reconstituer l’arbre évolutif avec la forme « cardon » précédant celle de la forme « artichaut ».

Un peu d’histoire :

Historiquement, l’Antiquité connaissait déjà les cardons, qui étaient un légume très prisé à Rome.

D’ailleurs son nom latin donné par Limné, provient de la mythologie : Zeus tomba amoureux fou de Cynara, une belle jeune fille aux cheveux longs qui le repoussa ; pour la châtier, il décida de la transformer en Cynara Scolymus (en artichaut).

Un peu de mathématiques :

Enfin, poursuivons notre observation par la disposition des fleurs sur le capitule d’un artichaut, on remarque une structure étonnante en forme de double spirale.
De plus, si l’on compte le nombre de spires dans un sens et dans l’autre, on constate alors qu’on tombe invariablement sur deux nombres consécutifs de la suite de Fibonacci : 1 - 1 - 2 - 3 - 5 - 8 - 13 - 21 - 34 - 55 - 89 - 144 ... et jamais sur d’autres nombres.
Pour mémoire, la suite de Fibonacci est une suite infinie de nombres entiers
dans laquelle chaque terme est la somme des deux termes qui le précèdent.
C’est le côté fractal du vivant !
(Résultat de l’expression des gènes homéotiques que vous apprendrez lors de vos études supérieures… ).

Les éco délégués étaient ravis de faire leur première récolte !

Après une cuisson à l’autocuiseur pendant 40 minutes, c’est un artichaut au cœur fondant que nos jeunes ont pu déguster.
Une première pour bon nombre d’entre eux !

Finissons par une anaphore poétique de notre jardin de la biodiversité :

Cœur d’Artichaut,

Comme le papillon humant toutes les fleurs, il s’égare, enivré, de parfum, de couleurs.

Attiré par le lys, et sa pure blancheur, il a peur toutefois d’y engager son cœur.

La timide églantine a su par sa candeur ; le troubler et l’aimer, il a cru au bonheur

Mais un peu jeune encore il a rêvé d’ailleurs ;

Cherchant dans les jardins plus belles âmes sœurs.

Séduits par la rose, femme toute en saveur, il se froissa une aile et devint bagarreur,

Il sut que les belles lui porteraient malheur. Alors il posa et essuya ses pleurs.

Anémone, muguet ou bien pois de senteur, il fallut qu’il médite avant sa dernière heure,

Il a compris enfin que de toutes les fleurs, celle qui lui fallait n’avait pas ses faveurs.

Pourtant c’est sur son cœur qu’il connut le bonheur.