Depuis le mois de septembre, les élèves de la brigade verte du Club Développement Durable reprennent leurs nombreuses activités au jardin.

Il faut dire qu’il en avait besoin car l’été est toujours une période délicate…toutefois rien de catastrophique ; un bon nettoyage, de belles récoltes (pommes, tomates, oseille, concombre, framboises) et des tailles plus tard, notre jardin a vite repris sa forme.
Naturellement, ces actions ont été suivies par les plus gros travaux de préparation du sol (cf. article sur la pédologie).

Le projet de bouturage de notre chlorophytum mère se poursuit très bien et de très nombreux clones ont pu être distribués.
N’oubliez pas de lire ou de relire l’article sur les clones !

Parallèlement, dès le mois de septembre, nous avons fait germer des graines d’épinard.
Il faut dire que les températures très clémentes en fin d’été et en début d’automne ont permis une croissance très rapide.
Aujourd’hui, c’est le grand jour, les plants ont pu être mis en pleine terre.
Popeye serait fier de notre potager !

En effet, nous avons remplacé l’oseille récoltée au mois de juin par nos plants d’épinards.
Ces deux plantes sont des annuelles de la même famille : les Chénopodiacées.
C’est donc tout naturellement qu’ils ont trouvés leur place au pied de nos beaux artichauts vigoureusement repartis après leur coup de chaleur du mois de juin.

Mais au fait ? Les épinards sont-ils vraiment riches en fer ?

Malheureusement, il y croyait dur comme fer, mais Popeye s’est trompé !
En effet, la feuille d’épinard n’a rien d’un super aliment.
Tout cela à cause d’une faute de frappe…
Depuis des décennies, les épinards sont sur un piédestal, réputés pour leur richesse phénoménale en fer.
En partie grâce à Popeye, le super-héros des marins qui devient surpuissant après en avoir englouti une boîte.

Mais voici la vraie histoire !

Cette réputation d’aliment miracle est en fait le fruit… d’une erreur de calcul !
Une légende, née à une virgule près.

Pour comprendre les origines de ce mythe nutritionnel, il faut remonter dans le temps.
Nous sommes en 1870 en Allemagne dans le laboratoire du chimiste allemand Von Wolf.
Ce dernier étudie les vertus des légumes, et la feuille d’épinard est l’un de ses sujets d’étude.
Dans son rapport sur la teneur en fer de notre légume vert, il commet une erreur : au lieu de 3,5 milligrammes de fer pour 100 grammes d’épinards, il note 35 milligrammes de fer.
Résultat : un rapport dithyrambique qui donne instantanément aux épinards un statut de superaliment.
Aussi grossière que cette coquille puisse paraître, à l’époque elle se propage dans les ouvrages, au nez et à la barbe de tous les scientifiques.
Et puisque personne ne remet ce chiffre en question, le grand public y croit dur comme fer.
Popeye, roi des épinards !
C’est dans les années 1930 que le mythe de la feuille verte atteint son apogée.
Popeye, le loup de mer le plus fort du port, est adapté en dessin animé.
Dans les bandes dessinées, il est naturellement le plus costaud.
Mais dans le dessin animé, il tire sa force surhumaine de sa consommation d’épinards en conserve.
Une manière pour les scénaristes de l’époque d’encourager la consommation de légumes chez les enfants.
Dans l’imaginaire collectif des petits comme des grands, le pouvoir de vitalité et de force des épinards devient une évidence : les ventes d’épinards augmentent alors de 33%.

Toute la vérité, rien que la vérité Popeye a beau être le plus costaud, il ne peut rien contre la science !

Dans les années 1950, des chercheurs allemands reprennent le dossier et tentent le même calcul que Von Wolf.
Très vite, ils se rendent compte de la supercherie.
D’abord, la valeur en fer des épinards n’est pas plus importante que celle contenue dans d’autres légumes.
Ensuite, le fer contenu dans la feuille verte est « non héminique », ce qui veut dire qu’il est plus difficile à absorber pour le corps que le fer présent dans la viande !
En réalité, ce qui rend les épinards vraiment intéressants sur le plan nutritionnel, ce sont leurs vitamines A, C et K, ainsi que leur apport en fibres.
Le fer, lui, n’est qu’un invité discret dans cette salade de bienfaits.

Malgré la démolition du mythe par les scientifiques, le grand public continue de lier les épinards au fer, preuve du manque de communication sur le sujet.
Quoi qu’il en soit, la prochaine fois que vous mangerez des épinards, souvenez-vous : vous ne gagnerez pas au bras de fer contre Popeye, mais vous profiterez quand même d’un joli mélange de vitamines.

Les éco délégués vous conseillent donc de faire attention aux virgules de vos moyennes !